La décennie 1960 est la dernière de la vie du peintre Marc-Aurèle Fortin. C’est également durant ces mêmes années que l’artiste se voit enfin consacré tant par la critique que par les institutions muséales. Cette reconnaissance est le fruit de plusieurs efforts communs des collectionneurs Jean-Pierre Bonneville et René Buisson qui se sont impliqués activement dans l’organisation d’expositions et de la parution d’articles.

Dupuis les années 1920, Marc-Aurèle Fortin aura défendu et décrit son art comme nationaliste. Cette définition aura un réel écho au Québec, seulement dans le contexte des années 1960 où un renouveau nationalisme voit le jour. Pierre Bourgeault, alors leader de mouvement nationaliste francophone, écrit un article suite à l’exposition de Fortin en 1961 de la galerie l’Art Français. Ses écrits parlent de Fortin comme le peintre de son pays et le dépeint comme l’emblème de l’homme québécois. En plein bouillonnement culturel moderne, le Québec ne boude plus pour autant le côté traditionnel de leur culture. C’est ainsi que l’imagerie de Fortin s’inscrit dans la valorisation du terroir québécois au même titre que les chansonniers célèbres ou auteurs faisant l’éloge des pionniers, bûcherons et bâtisseurs de la belle province.

Les critiques d'art s'entendront pour "placer" Fortin comme artiste marquant du 20e siècle. Dorothy Pfeiffer écrira dans le journal The Gazette en décembre 1961 "[…] le travail de Fortin a été trop longtemps ignoré par certains de ses confrères et compatriotes pour lesquels tout ce qui n'était pas de l'art non figuratif fut apparemment considéré comme superflu, ou vieux jeu." - tiré du livre Marc-Aurèle Fortin, L'expérience de la couleur, le chapitre la réception critique, page 207.