En 1965, Jean Lefébure revient s'établir à Montréal après avoir passé plus de dix ans à Paris. Le tableau intitulé "Voilage de Chine" porte la mention "Montréal" au dos, ce qui suggère qu'il a été réalisé peu après son retour. Avant son départ, Lefébure était une jeune figure de l'avant-garde artistique montréalaise. Sa participation à l'exposition "Rebelles" en 1951 témoignait de sa fougue et de son désir d'exploration artistique, qu'il assouvira durant ses années parisiennes. Ses nombreuses expositions en Europe et ses explorations artistiques lui confèrent une maturité qu'il ramène au Québec.

À partir du milieu des années 1960, les compositions des œuvres de Jean Lefébure évoluent. Auparavant, ses œuvres étaient souvent dominées par le noir et le rouge sur un fond blanc, rappelant les œuvres de son maître et mentor Paul-Émile Borduas. À son retour, son style prend un tournant : ses œuvres se composent désormais de masses de couleurs denses et serrées les unes aux autres, rendant son style de plus en plus distinct et unique.

Libéré de l'influence de ses maîtres canadiens, Lefébure simplifie l'image picturale. Yves Robillard écrit dans "La Vie des Arts" : « Il pose la grandeur et la couleur des différentes taches par rapport à la surface, à l'échelle et, peu à peu, il définit ses formes tout en se réservant la possibilité de détruire ses points de départ. La structure de l'œuvre d'art (tableau, murale sculptée, sculpture) se cherche à partir des données de lieu, de surface, de couleur et de matière ambiante. En respectant ces impératifs, il reprend toute sa liberté et part dans une aventure qui s'improvise continuellement. »